nargue

nargue

⇒NARGUE, subst. fém.
Vieilli ou littér. Raillerie, mépris insolent. Toutes les allures de la Madelon, qui n'étaient point malhonnêtes, mais si fières et de telle nargue, qu'il s'en dépita (SAND, Pte Fad., 1849, p.138). De là cette nargue dans leur voix, cette insolence dans leur œil. De là cette ignominieuse indépendance (GIRAUDOUX, Folle, 1944, I, p.24).
À la nargue de qqn/qqc. En bravant insolemment quelqu'un ou quelque chose. Je demande (...) que (...) je sois sur-le-champ baptisé nationaliste, à la nargue de l'Institut (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p.33). À la nargue de l'opinion commune, je le tiens pour le plus beau de tous (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.20).
Faire (la) nargue à qqn/qqc. Narguer quelqu'un ou quelque chose. Je ferai parader mes archers sous vos fenêtres. Ils sont tous à cheval et font la nargue à ceux du capitaine Mignon (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.343). George Sand a eu cette semaine deux échecs en célébrité féminine: Mme Flora Tristant, assassinée, et Mlle Dangeville, qui lui fait nargue du haut du Mont-Blanc (SAINTE-BEUVE, Corresp., 1838, p.441).
[Pour marquer le dédain dans un emploi interjectif] Nargue de/à. L'amour, l'amitié, le vin, Vont égayer ce festin; Nargue de toute étiquette! (...) Bon vin et fillette! (BÉRANGER, Chans., t.1, 1829, p.177). Bien avant que le cardinal ait pu rejoindre mon frère et le prévenir, je serais loin, piquant vers l'est et nargue au roi! (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p.167).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1552 interj. exprimant la moquerie, le dédain (RABELAIS, Quart livre, éd. R. Marichal, LIII, 14); 1632 faire nargue à «braver quelqu'un avec mépris» (CORNEILLE, Poésies diverses, I, 78 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.10, p.28). Déverbal de narguer.

nargue [naʀg] n. f.
ÉTYM. 1659; nergues, Rabelais, interj., 1552; déverbal de narguer.
Vx (langue class.). Dédain insolent. || Dire, faire nargue de qqch., de qqn, témoigner ouvertement le peu de cas qu'on en fait. || Faire (la) nargue à qqn. Narguer (→ Faire la nique).(Interjection marquant le mépris, l'insouciance.) || « Nargue du chagrin ! » (Académie). 2. Foin; → Assassin, cit. 15.
1 Nargue de ceux qui me faisaient la guerre (…)
La Fontaine, Contes, III, 2, « La mandragore ».
2 (…) il avait vu passer dans la rue sous sa fenêtre des ribauds lui faisant nargue, allant quatre de bande, pourpoint sans chemise, chapeau sans fond, bissac et bouteille au côté.
Hugo, Notre-Dame de Paris, VI, I.
3 Dans un des camps : l'Ennemi. Dans l'autre, à l'extrémité du champ : bon-papa et les siens. Entre les deux camps : un espace dangereux, bon pour la nargue.
Geneviève Dormann, le Chemin des dames, p. 17.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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  • nargué — nargué, ée (nar ghé, ghée) part. passé de narguer. Nargué par ses ennemis …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

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